Mais en fait, je crois que ce brave Marcel n’a pas tort.
J’ai longtemps été une couche-tard. Je regardais mon petit papa, plus bon à rien à partir de 21 h et debout avant le soleil, comme un extra-terrestre. Par contre, j’étais capable de veiller jusque très tard dans la nuit (j’étais du genre à faire mes dissertations d’un seul jet, mais la veille au soir. Avec un plan détaillé dans la tête. Les enfants, n’essayez pas de reproduire ça chez vous. Ce n’est pas raisonnable.)
Mon homme est lui aussi du soir, donc pendant longtemps, rien n’est venu enrayer cette mécanique. Ce n’est que quand notre fiston est né que nous avons (ou plutôt, j’ai) fait l’effort de me coucher un peu plus tôt. À l’exception notable des soirées où je travaillais. Auquel cas, même si j’essayais d’arrêter à une heure encore raisonnable, j’étais tellement pleine d’adrénaline qu’il me fallait un long, très long moment pour redescendre et réussir à enfin m’endormir.
Sauf qu’en fait, j’ai horreur de travailler le soir. D’abord, ça me prive d’un moment tranquille avec mon homme, et ceux-ci sont déjà trop rares à mon goût. Ensuite, quelle que soit l’heure à laquelle je me couche, ça ne change pas celle à laquelle mon fiston se réveille. Et du coup, la journée est en général très, très longue.
Alors quand, pendant la trêve de Noël, je me suis rendu compte que non, rien à faire, mes journées de travail normales n’allaient pas suffire, j’ai décidé d’essayer d’aller contre ma nature de couche-tard/lève-tard : j’ai programmé mon réveil à 5 h du matin.
Et vous savez quoi ? J’ai adoré ça.
Au point que j’aimerais en faire une habitude.
Pour peu que je me sois couchée à une heure raisonnable, le réveil n’est pas si dur. Et je trouve que mon cerveau se met en marche à une vitesse assez remarquable.
Il règne un calme incroyable. J’habite en centre-ville, au dessus d’une artère importante (et à côté de la caserne des pompiers), et mon appartement n’est pas très bien isolé, donc plutôt bruyant. Et là, à part quelques frontaliers voulant gagner Genève de bonne heure (et éviter les embouteillages, je sais ce que c’est, je faisais comme eux), il n’y a pas un chat.
Ça me laisse 1 h 30 – 2 h avant le réveil de mes hommes, j’ai donc le temps d’abattre du travail. D’autant qu’avec ce calme, j’atteins un niveau de concentration rarement égalé (par moi).
Quand ils se lèvent, je suis bien réveillée. Et surtout pleine d’énergie. Et surtout de bonne humeur. Quoique peut-être un peu trop causante pour l’ambiance qui est habituelle chez nous à cette heure-là. En tout cas, je suis zen.
Je ne culpabilise pas trop d’avoir un peu de mal à plonger dans le vif du sujet après leur départ, vu que j’ai déjà bien avancé. Ou de prolonger un peu la pause déjeuner, que je prends d’ailleurs assez tard, et pour ne pas lutter contre la torpeur postprandiale. Je crois que ce sont mes heures creuses, et elles occupent une bonne partie du temps où mon fiston n’est pas là.
Je peux même m’offrir le luxe d’une micro-sieste ou d’une mini séance de méditation (vous avez déjà essayé ? Je trouve ça hyper stimulant).
Au bout du compte, j’ai plus d’heures où je suis efficace dans ma journée, tout en me ménageant des pauses au lieu de lutter. Du coup, je suis beaucoup plus zen.
Quand j’ai l’occasion de me lever à l’heure habituelle chez nous, vers 7 h, j’ai l’impression d’avoir fait une grasse matinée d’enfer.
Le soir, j’ai quand même le temps de profiter un peu de mon homme, et l’esprit détendu, en laissant le travail et toute éventuelle culpabilité derrière moi. On a le temps de se poser un peu, de regarder une série, et je peux même bouquiner un peu au lit avant de m’écrouler du sommeil du juste.
Ce n’est pas encore le bon moment de l’année pour regarder le soleil se lever. Il se lève trop tard pour ça, ce fainéant ! Mais j’ai la chance de pouvoir admirer de magnifiques montagnes quand je lève le nez, et quand je me suis levée lundi matin, la neige qui tombait était féerique… Et je ne doute pas que le lever du soleil soit magique.
La semaine dernière, nous avons eu des nuits difficiles (les risques du métier quand on est jeune parent), et j’accusais un peu le coup du marathon que je venais de courir, alors j’ai cherché à grappiller la moindre minute de sommeil. Mais cette semaine, j’ai à nouveau pas mal de travail (période faste s’il en est), et j’ai remis le couvert. Avec grand plaisir.
Bien sûr, rien n’est encore gagné, et ce n’est pas en avançant brutalement mon réveil de deux heures que je vais réussir à changer mes habitudes, mais je suis convaincue que changer mon heure de lever m’apporterait beaucoup de confort de vie. Comme si je gagnais deux heures dans ma journée. Comme si j’avais une journée de 26 h. Ça vaudrait le coup, non ?
Et vous, vous êtes plutôt lève-tôt ou couche-tard ?